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'Birdman' d'Alejandro González Iñárritu (9/10)

À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego… S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir...


Réalisateur follement ambitieux, Alejandro González Iñárritu a toujours proposé des films d’excellente facture. Délaissant le film choral et ce depuis Biutiful, son précédant et très réussi opus, le réalisateur mexicain revient avec un pari de cinéma ambitieux et culotté : Réaliser un film pensé pour être un seul plan-séquence (le film est tourné sans coupure de montage apparente).

D’entrée de jeu, ‘Bridman’ impressionne par la maestria de ses plans séquences que le réalisateur assemble habilement pour n’en paraître qu’un seul. Loin d’être un outil tape à l’œil servant à épater la galerie, Alejandro González Iñárritu s’en sert comme d’un formidable outil d’immersion et nous plonge dans la préparation d’une pièce de théâtre avec toute la frénésie et l’habileté d’un vrai passionné de cinéma.

Mêlant habilement humour, surréalisme et sérieux, le réalisateur offre à travers ses séquences un aperçu de la vie de comédien, et plus généralement d’artiste. Traitant habilement ses personnages par la caricature, le scénario trouve cependant toujours la nuance qui les rend attachants, pathétiques ou comiques.

Si le film met un peu de temps à démarrer et semble au premier abord une simple démonstration technique, il se complexifie par la suite en multipliant les pistes de lecture. Loin d’être une coquille vide, ‘Birdman’ traite de la place des artistes dans le monde, de leur volonté de se surpasser, d’aller toujours plus loin, et surtout de tout sacrifier pour leur art et pour leur ego. Dénonçant au passage une société toujours plus portée vers le spectaculaire, ‘Birdman’ a beaucoup de points communs avec un autre très grand film, ‘Black Swan’, de Darren Aronofsky.

D’un cynisme jamais trop prononcé, Alejandro González Iñárritu enfonce le clou et livre une vision à la fois magnifique et pessimiste du métier d’artiste. Aidé par des comédiens tous géniaux, le réalisateur se permet les audaces les plus folles, que ce soit dans les plans de caméra impossibles comme Fincher en avait le secret dans ‘Panic Room’, ou dans des raccords d’une fluidité narrative épatante (le film fait le pari d’enchaîner un plan-séquence qui compile plusieurs jours). Tout dans ‘Birdman’ est épatant de maîtrise. Aidé par une photographie impeccable du génial Emmanuel Lubezki, l’image est toujours splendide et maîtrisée, jamais froide ou artificielle.

‘Birdman’ est donc un film à la hauteur de son ambition. Inventif et innovant, réjouissant au possible, ce film est une vraie bouffée d’air frais et un pari relevé haut la main par Alejandro González Iñárritu.

A découvrir absolument !


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