'Exodus : Gods and Kings' de Ridley Scott (4/10)
- Sylvain Ruffier
- 16 janv. 2015
- 2 min de lecture
L’histoire d’un homme qui osa braver la puissance de tout un empire. Ridley Scott nous offre une nouvelle vision de l’histoire de Moïse, leader insoumis qui défia le pharaon Ramsès, entraînant 600 000 esclaves dans un périple grandiose pour fuir l’Egypte et échapper au terrible cycle des dix plaies.
Alternant blockbusters et productions plus modestes, Ridley Scott a toujours montré une diversité étonnante dans ses choix de réalisation, avec des résultats plus ou moins heureux à l’arrivée.
Projet ambitieux et pharaonique, ‘Exodus : Gods and Kings’ se veut être la renaissance du péplum comme le fut en son temps ‘Gladiator’, toujours du même Ridley Scott. Le résultat est cependant complètement différent et fait d’Exodus une pâle vision de son auteur.
Condenser l’histoire de Moïse en un film pas trop long (2h30 au compteur tout de même) relève de la gageure et on voit très bien que le film a subit des coupes (trop) franches dans le scénario. Certains personnages sont sous-exploités (la mère de Ramsès, jouée par Sigourney Weaver, a deux lignes de dialogue) et certaines scènes sont carrément occultées ou survolées.
Ainsi, le film fait le choix de ne pas montrer l’enfance des deux princes d’Egypte, ni d’explorer plus en avant la haine de la mère de Ramsès envers Moïse. Ces choix scénaristiques ont de fâcheuses conséquences sur les enjeux humains du film.
Ridley Scott peine en effet à donner du corps à ses personnages, la faute à ces impasses scénaristiques qui n’approfondissent jamais les relations entre les deux ‘frères’, ce qui fait que l’on ne s’attache que très peu aux acteurs.
Cela donne un côté très froid au film, car il se contente d’être uniquement illustratif. La photographie et l’image sont impersonnelles au possible et accentuent encore ce détachement progressif du spectateur envers l’histoire.
C’est dommage car ‘Exodus’ apporte son lot de belles scènes de catastrophes et de batailles. L’action y est toujours claire et lisible, ce qui montre le savoir-faire du réalisateur, malgré un trop grand abus d’effets spéciaux qui encore une fois renforcent l’aspect virtuel et froid du film.
Ridley Scott ne réitère donc pas le succès de son ‘Gladiator’ car il oublie ce qui faisait la richesse de ce film : son background humain, et l’attachement que l’on ressentait pour le personnage principal. Rien de tout cela dans ‘Exodus’, même s’il y a quelques bonnes idées de lecture comme celle de rendre ambigüe la relation entre Moïse et Dieu, et remettre en cause la santé mentale de Moïse qui a ses ‘visions’ après un coup à la tête.
‘Exodus’ n’est pas vraiment un péplum mais plutôt un film catastrophe tant les scènes spectaculaires se succèdent (l’ouverture de la Mer Rouge, les plaies d’Egypte…) et prennent le pas sur une aventure humaine et fraternelle pourtant hors du commun.
Ridley Scott passe donc à côté de la moitié de l’intérêt du film : en voulant conter la Grande Histoire, il oublie tous les petits détails qui auraient donnés à ‘Exodus’ ce supplément d’âme qui lui manque cruellement. Une déception.