'Still the Water' de Naomi Kawase (5/10)
- Sylvain Ruffier
- 4 janv. 2015
- 2 min de lecture
Sur l'île d'Amami, les habitants vivent en harmonie avec la nature, ils pensent qu'un dieu habite chaque arbre, chaque pierre et chaque plante. Un soir d'été, Kaito, découvre le corps d¹un homme flottant dans la mer, sa jeune amie Kyoko va l'aider à percer ce mystère. Ensemble, ils apprennent à devenir adulte et découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l'amour…
S’ouvrant sur un plan contemplatif d’une mer bombée par les vagues, ‘Still the Water’ propose dès les premières images une expérience sensorielle intense, une communion avec la Nature que n’aurait pas reniée un cinéaste tel que Terrence Malick.
A la fois beau et ambitieux, ‘Still the Water’ conquiert d’abord par sa subtilité et sa sensibilité très emprunte de la culture japonaise. Voulant relier les Dieux, la Nature, les hommes, le cycle de la Vie et de la Mort, ‘Still the Water’ parvient à parler de métaphysique sans plomber le discours.
Les plans de nature s’enchaînent sur ceux des hommes tandis que se dessinent petit à petit des trames de vie, toutes intimement liées entre elles. Bien que ‘Still the Water’ se concentre surtout sur l’histoire de deux jeunes gens, chacun confronté à la mort d’un proche, la réalisatrice Naomi Kawase s’intéresse également aux gens qui les entourent.
Avec ses thématiques intéressantes, le film décolle vraiment bien malgré la lenteur des plans, qui invite à la réflexion et au voyage. Mais au bout d’un moment, l’ennui guette.
La faute à un film qui après une première heure passionnante se perd un peu en route en multipliant les leçons de vie, les rencontres, sans que cela semble modifier quelque chose aux personnages. ‘Still The Water’ semble alors faire du surplace. Les deux personnages principaux n’évolueront que très peu et leur psychologie est à peine effleurée, si bien que la libération finale, toujours reliée aux éléments naturels, reste un peu légère question scénario.
A vouloir trop jouer sur la retenue, Naomi Kawase se prive d’une force qui aurait fait de son film un véritable chef-d’œuvre, tant il y a de bonnes choses. Car entre des séquences un peu longues et passablement inutiles se trouvent de véritables moments de cinéma, parmi les plus beaux vus cette année.
‘Still the Water’ laisse donc un goût d’insatisfaction en bouche car doté de très bons éléments mais plombé par une réalisatrice trop pudique qui bloque ses personnages et qui laisse l’histoire et ses thématiques faire un surplace peu intéressant. Dommage.