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'Night Call' de Dan Gilroy (8/10)

Branché sur les fréquences radios de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il vend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n'aura aucune limite...


Premier film de Dan Gilroy, scénariste américain, ‘Night Call’ se rapproche dès les premiers plans du ‘Drive’ de Nicolas Winding Refn, ou de ‘Taxi Driver’. Même ambiance nocturne, même héros étrange à tendance psychopathe.

Pétri de ces illustres influences, ‘Night Call’ est cependant plus qu’une simple copie des films précédemment cités. Porté par un scénario en béton armé, ce petit bijou de film noir est une vraie réussite.

Dan Gilroy a bien compris que l’essence de son film se situait avant tout dans son ambiance et son personnage principal. Lou Bloom, le ‘héros’, est magistralement joué par Jake Gyllenhaal qui livre ici une interprétation purement incroyable. Dès les premiers regards et les premiers plans, l’acteur fait passer, sans un mot, toute l’essence de ce personnage méprisable. Prêt à tout pour se faire un nom et une place, Lou Bloom met mal à l’aise et repousse immédiatement l’empathie du spectateur. Il est dès lors incroyable que le film fonctionne si bien, alors que l’on ne s’identifiera jamais à ce ‘héros’ étrange et mystérieux.

La force de ‘Night Call’ est de ne pas prendre le spectateur pour un imbécile. Au fur et à mesure des minutes le malaise augmente tandis que les sous-entendus sur la véritable nature du héros sont autant d’indices de sa folie profonde.

Porté par une réalisation efficace et des acteurs très impliqués, l’ambiance de la vie nocturne et des faits divers horribles qui s’y passent sont parfaitement rendus grâce à un background très travaillé et toujours crédible.

Le scénario, très bien construit, laisse toujours des zones d’ombre pour permettre au spectateur de s’imaginer ce qui n’est pas à l’écran (et notamment le passé du ‘héros’, très rarement évoqué).

L’autre force de Night Call, au-delà du pur thriller d’ambiance, est sa volonté de dénoncer les médias américains, leur rôle dans la diffusion de la violence qui ronge les Etats-Unis, leur manque d’éthique flagrant face aux drames qui agitent le monde. Dan Gilroy dépeint sans caricature un monde dur et violent, où les journalistes sont prêts à tout pour rapporter des images sensationnalistes, quitte à déformer les faits réels. Cette critique du journalisme et de la fascination pour la violence reste présente mais n’appesantit jamais l’histoire.

Le film reste donc parfaitement équilibré et ce malgré quelques longueurs dans le script qui atténuent légèrement la force de cette première œuvre par ailleurs très maîtrisée. Courez voir ce film intense et pesant qui ne laissera pas indifférent.


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