'Fury' de David Ayer (7/10)
- Sylvain Ruffier
- 17 nov. 2014
- 2 min de lecture
Avril 1945. Les Alliés mènent leur ultime offensive en Europe. À bord d’un tank Sherman, le sergent Wardaddy et ses quatre hommes s’engagent dans une mission à très haut risque bien au-delà des lignes ennemies. Face à un adversaire dont le nombre et la puissance de feu les dépassent, Wardaddy et son équipage vont devoir tout tenter pour frapper l’Allemagne nazie en plein cœur…
Point de vue original sur la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ‘Fury’ raconte la dénazification de l’Allemagne à travers l’histoire à priori fictive d’un groupe d’hommes assigné à un tank, le fameux Fury du titre.
Le réalisateur David Ayer part avec l’énorme contrainte de filmer ce qui pourrait sembler un huis-clos dans un espace horriblement confiné, mais qu’il va déjouer de manière habile tout en n’étant pas toujours convaincant.
Le film est très bien dirigé grâce à une mise en scène élégante et claire. Toujours beau et bien cadré, ce soin apporté à l’image se retourne un peu contre le film, lui donnant une pâte parfois très lisse, loin de la puissance visuelle de monuments du genre tels que ‘Il faut sauver le soldat Ryan’. De même, les scènes à l’intérieur du tank sont très habilement filmées mais on ne ressent que très peu le confinement et l’étroitesse des lieux, ce qui aurait été intéressant de rendre pour amener une tension visuelle supplémentaire.
L’arrivée du personnage de Norman (très bien interprété par Logan Lerman), jeune novice innocent embarqué dans cette folle histoire, va permettre d’apporter un regard neuf sur les atrocités commises par la guerre. A la fois spectateur et juge de ses compagnons, il va bouleverser l’équilibre précaire de l’équipage du tank et apporter au scénario une dimension humaine importante.
Pas toujours subtil sur le côté critique de la guerre, ‘Fury’ se rattrape en montrant un réel attachement au facteur humain, essentiel pour que le film prenne son essor. Par l’intermédiaire de Norman, et dans une moindre mesure de Wardaddy (joué par un Brad Pitt charismatique en diable), on entrevoit de nouveau le côté humain de ces hommes devenus machines de guerre et à moitié fous. Cette réussite dans le traitement psychologique des personnages est la très grande force de ce film, qui prend tout son sens lors d’une intense scène finale.
Déjouant le huis-clos attendu, le film n’hésite pas à sortir du tank et varie ainsi les situations, montrant l’atrocité humaine sous toutes ces facettes, mais aussi certains actes bons que les hommes peuvent s’offrir. Le réalisateur n’hésite donc pas à étirer certaines scènes (par exemple le dîner chez les deux femmes), quitte à installer quelques longueurs, pour permettre à tous les personnages du cadre de se développer, délaissant l’action pure et dure pour un film beaucoup plus complexe que prévu.
Parfois maladroit et pas toujours subtil, ‘Fury’ est cependant un bon film de guerre, mettant en avant l’attachement humain envers ses personnages, montrant la déshumanisation de ceux-ci mais également cette part de bonté qui ne les quittera jamais totalement. Très bien filmé mais un peu froid, le film vaut surtout pour de très belles performances d’acteurs et une aventure humaine forte. A voir.