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'Gone Girl' de David Fincher (9/10)

A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?

Voici enfin le dernier film du surdoué Fincher, auteur des cultes ‘Seven’ et ‘Fight Club’. Attendu à chaque film car n’ayant jusque-là réalisé que de très bons opus, le réalisateur frappe à nouveau un grand coup avec ‘Gone Girl’, ambitieux thriller s’étalant sur deux heures et demi qui passent à la vitesse de l’éclair.

Alternant dès le début passé et présent, Fincher, avec un cynisme effroyable, dénonce l’illusion du mariage et des apparences humaines. Livrant des séquences très ‘clichés’ sur le passé du couple (joué par Ben Affleck et Rosamund Pike), il y oppose un présent sans concession. Soupçonné d’avoir fait disparaître sa femme, le personnage joué par Ben Affleck, en apparence un bon petit mari, va lentement tomber les masques, de même que sa compagne disparue.

Grâce à un scénario qui prend le temps de construire l’illusion de personnages sympathiques puis de les déconstruire, le film avance sans temps morts. Parfaitement bâti dans sa narration et maîtrisé de bout en bout, ‘Gone Girl’ sent le perfectionnisme absolu de son auteur, qui sait très bien où emmener le spectateur et comment le tromper.

Car ‘Gone Girl’ n’est pas qu’un simple thriller, c’est aussi un brûlot social, noir et cynique, qui passe au crible les errements et les tromperies des hommes et des femmes ainsi que le pouvoir quasi démoniaque de la télévision et des journalistes.

Jonglant parfaitement avec les changements de registres et les ruptures de ton, le film, parfois ironique, parfois dramatique, parfois comique, est rarement plaisant puisqu’aucun personnage n’est véritablement attachant et ‘casse’ son image à chaque séquence.

Fincher réussit une nouvelle fois à imposer une ambiance particulière à chaque plan, tandis que l’histoire, au départ quelconque, devient de plus en plus sombre. Evitant tous les pièges faciles de ce genre de scénario, le réalisateur parvient à dévoiler les monstres qui résident en ses personnages sans pour autant les juger. Ce recul peut donner un aspect froid au film mais accentue à merveille son côté cynique et renforce donc les idées de Fincher et son nihilisme absolu.

Pour dénoncer l’illusion des apparences, Fincher peut d’appuyer sur les prestations excellentes des deux comédiens principaux, qui, parfaitement investis par leur personnage, leur donne du corps et une densité qui les rend toujours crédibles malgré les retournements de situation.

‘Gone Girl’ est rempli de retournements de situation mais Fincher a l’air de les traiter par-dessus la jambe et c’est une bonne chose, car l’intérêt n’est pas là, sinon le film s’éventerait après visionnage. Le réalisateur trouve son intérêt ailleurs, grâce aux thèmes qu’il développe et qui permettent à ‘Gone Girl’ d’être un thriller complet et intense.

D’une construction et d’un tempo parfaits, ‘Gone Girl’ est une nouvelle réussite de David Fincher. Continuant une œuvre profondément noire et pessimiste, son film nous remue par son cynisme et nous impressionne par sa maîtrise.

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