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'Quand vient la nuit' de Michael R.Roskam (7/10)

Bob Saginowski, barman solitaire, suit d’un regard désabusé le système de blanchiment d’argent basé sur des bars-dépôts – appelés « Drop bars » - qui sévit dans les bas-fonds de Brooklyn. Avec son cousin et employeur Marv, Bob se retrouve au centre d’un braquage qui tourne mal. Il est bientôt mêlé à une enquête qui va réveiller des drames enfouis du passé...


Premier film américain du réalisateur belge Michael R.Roskam, ‘Quand vient la nuit’ s’inscrit dans la lignée des modèles américains qu’il entend poursuivre.

Efficace, la réalisation de Roskam reste très classique mais s’approprie avec justesse les codes du film de gangster pour livrer une œuvre suffisamment forte pour nous tenir en haleine jusqu’aux dernières minutes.

Le scénario a la bonne idée de suivre son personnage principal, joué par le magnétique et fascinant Tom Hardy, mais aussi de montrer les nombreux personnages secondaires qui entourent le héros. Ces histoires parallèles sont à la fois la force et la faiblesse du film. Si certaines sont intéressantes et apportent leur lot de tension (grâce à la présence de Matthias Schoenaerts en dingue complètement imprévisible) et permettent à la fois de construire le récit et de nourrir son côté humain et social, d’autres ne servent pas à grand-chose et ralentissent le film sans vraiment l’enrichir, à l’image du personnage de l’inspecteur, dont l’histoire peu originale est assez bâclée.

Malgré tout, la description de ces nombreux destins amène une force et une dimension romanesque intéressantes, car chaque rôle secondaire aura un impact sur le héros, en bien ou en mal, et ces implications sont très bien rendues et équilibrées au montage.

Si le film est parfois un peu froid, Tom Hardy insuffle à cet (anti ?)héros un charisme et une fragilité attachantes. A la fois bon et mauvais, son personnage est dans la lignée du héros de ‘Drive’, passablement bon mais traversé par une noirceur absolument terrifiante. Cette ambiguïté, le réalisateur nous l’amène de manière subtile et c’est ce qui fait la force du film. Beaucoup de choses restent suggérées et le réalisateur laisse toute confiance au spectateur pour interpréter la nature même du héros, qui n’éclatera vraiment que dans le dernier acte, dont la tension crescendo est très bien amenée et simplement gâchée par un épilogue un peu long.

Ce que l’on retiendra surtout sera l’ambiance nocturne, très bien rendue. Beaucoup de scènes se passent dans un bar, la nuit, et Roskam évite habilement les redites grâce à des plans toujours soignés et inventifs et une lumière particulièrement belle et colorée.

‘Quand vient la nuit’ est donc un film de qualité mais qui aurait mérité parfois plus d’ampleur et de fulgurance dans sa construction. Cependant, grâce à une réalisation solide et des comédiens tous très bons, le premier film américain de Michael R.Roskam est une franche réussite et un film de gangster intéressant.

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