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'3 Coeurs' de Benoît Jacquot (5/10)

Dans une ville de province, une nuit, Marc rencontre Sylvie alors qu’il a raté le train pour retourner à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, parlant de tout sauf d’eux-mêmes, dans un accord rare. Quand Marc prend le premier train, il donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, quelques jours après. Ils ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, par malheur, non. Il la cherchera et trouvera une autre, Sophie, sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie…


Après le très beau ‘Les Adieux à la Reine’, Benoît Jacquot revient sur le devant de la scène avec un film très différent : une romance contemporaine à 3 voix.

Dans ‘3 Cœurs’, le réalisateur ne se départit presque jamais de sa fine et élégante mise en scène pour nous livrer un produit ‘bien filmé’.

L’histoire en soi est plutôt classique puisqu’il s’agit d’une énième variation de l’homme qui doit choisir entre deux femmes, sauf qu’ici elles sont sœurs. Alors que Benoît Jacquot aime filmer les femmes, ici, c’est le personnage de Marc qui prend le dessus, grâce à un attachant et émouvant Benoît Poelvoorde qui montre une fois de plus toute l’étendue de sa formidable expressivité.

Gravite tout autour une belle brochette d’actrices (Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Charlotte Gainsbourg) qui livrent des prestations correctes à défaut d’être vraiment marquantes.

Cependant, malgré ce casting de haute volée, le film restera lui très terrestre et quelconque. Le film est très raffiné et subtil mais peut-être trop pudique. Benoît Jacquot joue clairement sur la retenue, ce qui est une bonne chose, mais le résultat est que son film ne décolle jamais vraiment.

Le problème vient en partie d’une histoire qui met trop de temps à se mettre en place. Les fameux ‘3 Cœurs’ de l’histoire ne se réunissent qu’au milieu du film et le réalisateur se perd entre temps sur de nombreux chemins de traverse, pour finalement n’effleurer que de manière superficielle les conséquences d’une telle histoire d’amour.

En effet, quand cette histoire d’amour se complexifie enfin et bouscule tout sur son passage, il est déjà trop tard. On restera donc captivé par la dernière demi-heure qui montre enfin le vrai sujet du film et c’est malheureusement trop léger pour faire de ‘3 Cœurs’ un film passionnant de bout en bout.

Il y a des longueurs dans le film de Benoît Jacquot, des partis-pris assez soudains et surprenants (la voix off pour les ellipses temporelles, qui ne fait que raconter ce que l’on peut aisément deviner) qui montrent que le film s’éparpille de tout côté, voulant à la fois rester pudique et tentant d’échapper à un académisme dont il n’aurait cependant pas eu à rougir.

‘3 Cœurs’ est donc un film décevant, malgré la qualité de sa réalisation et de ses interprètes. S’il conserve de très beaux moments, le film ne s’envolera que vers la fin. On aurait aimé un voyage beaucoup plus intense.

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