'Winter Sleep' de Nuri Bilge Ceylan (4/10)
- Sylvain Ruffier
- 27 août 2014
- 2 min de lecture
Aydin, comédien à la retraite, tient un petit hôtel en Anatolie centrale avec sa jeune épouse Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement, et sa sœur Necla qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements...
Auréolé de la récompense suprême au dernier festival de Cannes, ‘Winter Sleep’ arrive enfin sur nos écrans.
Le premier constat est que le film est beau, très beau. Le réalisateur se sert des splendides paysages de l’Anatolie pour illustrer son histoire avec des cadres léchés et des mouvements de caméra merveilleusement fluides.
Le deuxième constat, un peu moins glorieux, est la longueur du film, avoisinant les 3h15. ‘Winter Sleep’ est long, très long.
Si l’on rentre volontiers dans le début de l’histoire grâce à de très bons comédiens et une réalisation ultra léchée, on ressent assez vite de la lassitude face à ces scènes parfois creuses, parfois intéressantes, qui aurait méritées une bonne heure en moins pour être totalement réussies.
En effet, le film est inégal. Avare en action, il déploie de longues scènes de bavardages. Ces discussions sur l’existence, la complexité des relations humaines, le quotidien, ne sont pas toutes passionnantes. Parfois, ‘Winter Sleep’ entraîne une formidable tension grâce à ses dialogues au cordeau, où les comédiens laissent transparaître des nuances de jeu très intéressantes, l’action avançant naturellement au fur et à mesure que naît la tension dans les regards et les mots. Mais parfois, les discours sonnent creux, se répètent, n’apportent rien de nouveau et se perdent un peu.
On ne voit pas toujours où Nuri Bilge Ceylan veut nous amener et le rythme hasardeux gâche un peu la formidable ambiance qu’il réussit pourtant à installer au fil de ces 3 heures.
Par ailleurs, le film est assez froid. L’effet est certainement voulu pour évoquer l’aridité et l’hiver qui habite les paysages, mais cela empêche le film de développer plus profondément l’attachement à ses personnages et à leur complexité. Dommage car on reste trop souvent à distance.
Cette Palme d’Or est donc assez décevante car inégale. Malgré des plans spectaculaires et des scènes magnifiques, le réalisateur se perd dans une contemplation de la vie pas toujours justifiée et intéressante. Mais heureusement, tout n’est pas à jeter. Il reste, éparpillés ça et là, quelques très beaux moments de cinéma.