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'Maléfique' de Robert Stromberg (6/10)

Maléfique est une belle jeune femme au coeur pur qui mène une vie idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée d’envahisseurs menace les frontières du pays et Maléfique, n’écoutant que son courage, s’élève en féroce protectrice de cette terre. Dans cette lutte acharnée, une personne en qui elle avait foi va la trahir, déclenchant en elle une souffrance à nulle autre pareille qui va petit à petit transformer son coeur pur en un coeur de pierre. Bien décidée à se venger, elle s’engage dans une bataille épique avec le successeur du roi, jetant une terrible malédiction sur sa fille qui vient de naître, Aurore. Mais lorsque l’enfant grandit, Maléfique se rend compte que la petite princesse détient la clé de la paix du royaume, et peut-être aussi celle de sa propre rédemption…


'Maléfique' est une relecture de 'La Belle au Bois Dormant' mais du point de vue de la méchante fée. Ce postulat de base est assez inédit chez une production Disney car le film s'attache à raconter l'histoire d'un anti-héros et c'est ce qui donne à 'Maléfique' une certaine originalité.

L'introduction part plutôt mal avec une overdose d'images de synthèse et de bons sentiments un peu mièvres qui ciblent clairement un public très jeune.

Heureusement, cette 'gaminerie' ambiante ne dure que le temps de poser les bases du personnage de Maléfique, qui au début du film est une gentille fée innocente. Le film va ensuite gagner en profondeur en nous décrivant la chute de cette bonne fée et sa transformation en méchante.

On remarque tout de suite que le film entier est un écrin pour Angelina Jolie, excellente actrice trop souvent sous-estimée (il faut voir 'L'Echange' de Clint Eastwood, son meilleur rôle jusque-là). D'emblée attachante, elle insuffle à son personnage une humanité qui fait bien souvent défaut aux méchants des films pour enfants. Rompant avec les histoires manichéennes, Maléfique devient méchante à cause de la cruauté d'un homme, qui la trahit et l'abuse pour mieux dérober un de ces biens les plus précieux, ses ailes. Il s'agit là d'une métaphore à peine voilée d'un viol et la violence du propos est assez bien rendue à l'écran, ce qui crée immédiatement de l'empathie pour cette fée. On comprend son désir de vengeance, motivé par une vraie raison.

Le plus gros souci du film sera cette focalisation presque exclusive sur Maléfique car tous les autres personnages passent à la trappe, à commencer par Stefan, l'amour de jeunesse de la fée, qui d'un garçon tout gentillet passe à un homme prêt à tout pour le pouvoir. Le film aurait été un peu plus fin si le scénario avait pris la peine de montrer comment il en était arrivé là.

La Belle au Bois Dormant, Aurore, est quant à elle d'une naïveté à vomir qui semble voulue par le réalisateur (Maléfique lui cloue plusieurs fois le bec tellement elle est énervante). C'est parfois drôle, parfois insupportable, mais le film y perd au final car à part Maléfique (et dans une moindre mesure Diaval, son serviteur, assez bien écrit), les personnages n'ont aucune consistance.

Cependant, le film est loin d'être raté. La réalisation est à la hauteur malgré la surcharge d'effets spéciaux pas toujours nécessaire, et s'inspire d'illustres modèles tels qu'Avatar ou Le Seigneur des Anneaux. Le scénario est efficace et sans temps mort et le résultat est un film assez sombre, peu coutumier chez Disney.

Cependant, l'efficacité du scénario empêche le film de gagner plus en profondeur et c'est bien dommage car 'Maléfique' manque quand même sérieusement de poésie et de finesse. C'est un blockbuster américain, pas très subtil, et qui souvent empêche au spectateur d'éprouver une émotion vraiment sincère. Le final du film est là pour le souligner et agace tant le 'happy end' est forcé et mielleux

'Maléfique' est donc plutôt réussi mais bancal car entièrement porté sur les épaules (certes solides) d'Angelina Jolie. Il reste une production correcte et une relecture assez intelligente du conte de la Belle au Bois Dormant et on en demandait pas tant.


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