'Eastern Boys' de Robin Campillo (8/10)

Daniel aborde Marek dans une gare parisienne où ce dernier traine avec sa bande. Il lui propose de le retrouver chez lui le jour suivant. Mais lorsque Daniel ouvre la porte de son appartement le lendemain, il est loin d’imaginer le piège dans lequel il s’apprête à tomber et qui va bouleverser sa vie.

Avec 'Eastern Boys', Robin Campillo livre un film inattendu et surprenant. L'ouverture du film, traitée comme un documentaire, nous montre sans paroles la vie de jeunes hommes venus de l'Est et qui 'zonent' dans une gare. La suite sera traitée comme un 'home-invasion' à la Haneke avant de se poursuivre en un drame social poignant et touchant.

Malgré le mélange des genres apparent, le film garde une belle cohérence. Notamment grâce à une histoire très bien écrite et ficelée. Les personnages ne sont pas bavards mais leurs comportements parlent pour eux et décrivent des portraits psychologiques toujours justes. Daniel, le personnage principal, est d'abord étonnant de lâcheté, puis prêt à tout pour rompre sa solitude, avant de montrer d'un courage exemplaire lors d'un final mémorable de suspens.

Les personnages ne sont jamais jugés et le film fait au contraire ressortir leurs failles donc leur humanité.

La réalisation est parfaitement maîtrisée. Robin Campillo insuffle une tension incroyable lors du premier acte, qui rappelle donc Haneke et son 'Funny Games', en seulement quelques plans. Si la suite du récit est plus tranquille, le film captive car toujours traité avec justesse et sensibilité.

Bien que peu bavard, Robin Campillo aborde avec tact et clarté le problème de la solitude, de la survie, avec en toile de fond un regard amer sur l'immigration et la difficulté de s'intégrer dans un nouveau pays.

Le seul reproche du film serait envers sa partie centrale, un peu longue et exigeante, qui casse un peu la splendide tension qui anime tout le reste.

Le film reste une excellente découverte.

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